Vous traduisez du français vers l’espagnol ou vice-versa? Vous êtes traducteur débutant? Avez-vous déjà eu de la difficulté à vous procurer un ouvrage qui se concentre sur l’espagnol et le français? Si vous avez répondu par l’affirmative, le livre suivant peut vous être utile!
Traducir : Initiation à la pratique de la traduction est l’œuvre de Virginie Rajaud, agrégée d’espagnol et traductrice de l’espagnol et de l’anglais vers le français, et de Mireille Brunetti, agrégée d’espagnol au lycée de Saint-Just. Ce bouquin s’adresse, entre autres, aux étudiants en langue et littératures espagnoles.
Le livre se divise en trois parties : la méthodologie, les versions (traductions de l’espagnol vers le français) et les thèmes (traduction inverse). La partie sur la méthodologie expose les théories et concepts de la traduction. On apprend, par exemple, comment distinguer le « langage » de la « langue » et le « discours » de la « parole », des distinctions qu’on doit au linguiste suisse Ferdinand de Saussure. Le langage se définit par la fonction dont les humains se servent pour s’exprimer et communiquer verbalement, tandis que la langue se caractérise par un système d’expression verbale utilisé par un groupe d’habitants d’une région particulière. La parole est l’acte par lequel s’exerce le langage, et le discours est l’action concrète de la parole. Pourquoi faut-il expliquer cette théorie saussurienne? C’est simple : il est important de faire la différence entre les langues, un outil indispensable pour les traducteurs, et les discours des acteurs qui utilisent celles-ci.
Puisque cet ouvrage s’attarde aux langues de Cervantès et Molière, il est inévitable que les auteures discutent des particularités grammaticales des deux systèmes. Le traducteur francophone, par exemple, s’étonnera d’apprendre que l’espagnol, contrairement au français, a deux équivalents distincts pour les verbes être et avoir (respectivement ser et estar, haber et tener). La traduction doit utiliser le bon équivalent selon qu’il s’agit d’un verbe auxiliaire, d’un verbe de description ou d’un verbe d’état temporaire.
Tout au long de la lecture, le lecteur retiendra des points importants pour la préparation à la traduction et le respect des idées de l’auteur traduit. Il doit veiller à ne pas toujours traduire littéralement et à éviter des automatismes, des calques et des erreurs de traduction (faux sens, contresens, non-sens). Par exemple, quand le traducteur lit hace + expression du temps, il ne doit pas simplement penser à l’équivalent il y a + expression du temps, car d’autres équivalences sont possibles selon le contexte, à savoir « voilà… » ou encore « cela fait… que… ». Le traducteur fera aussi attention au registre de langue du texte de départ.
Les auteures nous proposent ensuite quinze extraits de textes espagnols et français. On peut lire des écrivains tels que Carlos Fuentes, Manuel Vásquez Montalbán et Ana Gutiérrez en version, ou encore Paul Valéry, Guy de Maupassant ou Marguerite Duras en thème. Le lecteur lit d’abord le texte source, puis les pistes préparatoires à la traduction. Celles-ci comprennent les caractéristiques du texte (organisation, style, attitude de l’auteur…) et les difficultés inhérentes à la langue source (p. ex., comment rendre un mot ou une expression avec justesse dans la langue d’arrivée). Le débutant est encouragé à traduire les textes avant de consulter les traductions proposées. Ces traductions sont justement proposées par les auteures et suivies par des notes justificatives concernant le choix des mots, des termes ou des expressions employés.
Le volet théorique est très détaillé, mais les auteures savent l’agrémenter à l’aide d’exemples, de concepts et de conseils pour le traducteur débutant. Les extraits sont aussi variés les uns que les autres. Le seul bémol, c’est qu’il y a trop de textes littéraires et peu de textes d’autres champs, tels que l’environnement, les arts ou encore la cuisine. Le lecteur peut facilement s’ennuyer, surtout si la littérature ne l’intéresse pas beaucoup.
Soulignons enfin la variété des textes espagnols : tant les écrivains latino-américains que péninsulaires y trouvent leur compte. Par exemple, on trouve un extrait de Se necesita muchacha, de la Péruvienne Ana Gutiérrez, « La criada llegó a campeona », tiré de El Mundo de l’écrivain et journaliste espagnol Raúl del Pozo, et « Esperpento de la hija del capitán », extrait de Martes de carnaval, du dramaturge et nouvelliste galicien Ramón del Valle-Inclán.
Bonne lecture!
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Ce billet a été révisé d’après Frédéric Demers, rédacteur et traducteur de langue française chez Anglocom. Pour joindre M. Demers pour vos demandes de traduction ou rédaction française, communiquez avec lui à fdemers@anglocom.com.
Moi qui cherche justement à améliorer mon espagnol pour mieux le traduire, ce livre serait parfait ! Merci de l’info 🙂